samedi 24 septembre 2011

Prenons soin des araignées !

 Vous aurez remarqué qu'elles sont nombreuses ces derniers temps à la Grande Rivière. Peut-être suffisamment pour  se lancer dans la commercialisation des fils d'araignée ?


Des araignées pour fabriquer de la peau artificielle

Une araignée et sa toileLes greffes de peau existent depuis déjà de nombreuses années, mais elles s’accompagnent fréquemment de phénomènes de rejet. Pour éviter ce problème, les médecins ont développé les autogreffes. Un morceau de la peau du patient est prélevé en zone saine, mis en culture, puis greffé sur la zone qui a besoin d’être recouverte. Malheureusement, chez certains patients, la surface de peau à greffer est trop importante ou les zones de peau saine ne sont pas suffisantes, comme chez certains grands brûlés, par exemple. Voilà pourquoi des recherches pour élaborer de la peau artificielle mobilisent de nombreuses équipes de recherche de par le monde.
La peau artificielle idéale se doit d’être bien tolérée par les défenses immunitaires de l’organisme, de pouvoir contenir des cellules cutanées afin qu’elles remplacent les tissus perdus, de se dégrader en toute sécurité au fil du temps pour laisser la place à la peau naturelle du patient et être assez résistante pour faire face aux traumatismes qu’elle peut être amenée à subir dans la vie de tous les jours. Les matériaux utilisés jusque-là pour servir de base à la peau artificielle n’ont pas été convaincants et ont souvent manqué de solidité.
La vie d’un patient ne tient parfois qu’à un fil : c’est peut-être ce à quoi ont pensé Hanna Wendt et ses collaborateurs de la faculté de médecine d’Hanovre en Allemagne lorsqu’ils ont débuté leurs recherches sur la peau artificielle. Une chose est sûre : quitte à faire confiance à un fil autant choisir celui avec lequel certaines araignées tissent leur toile puisque c’est le plus robuste des matériaux naturels fabriqués par un être vivant. Pouvant être jusqu’à dix fois plus résistant que le Kevlar, le fil de soie d’arachnides s’est aussi révélé être un biomatériau très bien toléré par l’organisme humain. Contrairement à celui produit par les vers à soie, le fil des araignées ne déclenche pas de réaction de rejet et tend même à favoriser la prolifération de certaines cellules comme les kératocytes et les fibroblastes que l’on retrouve dans la peau humaine.
Pour tester l’utilité de la soie d’araignée, les chercheurs allemands ont trait des araignées en caressant leurs glandes à soie et ont enroulé les fils obtenus sur des bobines. Ils ont ensuite tissé ces fils sur des cadres métalliques de 0,7 millimètre d’épaisseur créant ainsi un maillage pouvant être stérilisé, puis facilement utilisé. C’est sur ces sortes de treillis qu’ils ont laissé se développer fibroblastes et kératocytes, reproduisant même avec succès des couches assez semblables au derme et à l’épiderme.
Recueillir de la soie d’araignée en quantité suffisante pour que cette technique soit industrialisée n’est pas réalisable de nos jours et les greffes de peau artificielle fabriquée sur ces toiles d’araignée ne peuvent donc être envisagées à grande échelle pour l’instant, selon Hanna Wendt. Pas question d’abandonner ces travaux pour autant, car d’autres techniques en cours de développement pourraient venir en aide aux médecins : la fabrication de soie d’araignée synthétique ou la duplication de soie naturelle, par exemple.
Après avoir montré qu’elles pouvaient être utiles à la réparation de lésions tendineuses, voilà donc les toiles d’araignée bénéfiques à la peau artificielle et à sa greffe. L’homme a décidément encore beaucoup à apprendre de la nature…

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