Cette pièce, une ancienne écurie, a un sol en pente qui avait son utilité du temps qu'on y mettait les vaches mais aujourd'hui qu'elle abrite les légumes de conservation, ben la pente, elle nous embête plus qu'aut'chose...
C'est comme ça, ça doit être dans l'air du temps. Ce que les générations précédentes ont mis tant d'effort et de sueur à construire : on casse. Y'en a qui font ça avec la retraite ou l'école, ben nous, c'est le sol. Chacun son truc.
Alors dans un silence de marteau piqueur, il nous faut fendre le béton et sortir à grandes brassées de brouette pierres et gravats.
Dans les moments où l'outil se tait, on pense à ceux qui, cinquante ans auparavant et peut-être plus, on cassé eux aussi, et ont coulé le béton tout en veillant à garder la pente adéquate, "surtout pas un sol plat, non, vraiment pas !"
Eux avant, nous maintenant. Et demain ?
On pense alors presque avec tendresse à ceux qui, dans cinquante ans ou plus, trouveront le bâtiment bien mal adapté à leurs besoins et détruiront, déblaieront, referont ce que nous avons mis
tant d'effort et de sueur à faire. On leur pardonne d'avance, on espère juste qu'ils auront une petite pensée pour nous qui serons devenus la génération précédente...
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